
Parce que chez Maison Jeanne, nous sommes amoureux des femmes, de leur beauté plurielle, que nous aimons les rendre plus fascinantes encore en les parant de tenues, de bagages et d’accessoires en adéquation avec les valeurs qu’elles prônent, nous souhaitons ici rendre un hommage. Hommage au travail fait par celles qui oeuvrent pour nous offrir une lecture qui parle de nous : la presse féminine.
En décembre 2020, Elle magazine (dirigé à l’époque par Hélène Gordon-Lazareff) fait perdurer la conversation qu’elle a entamée avec les femmes depuis 1945 et fête ainsi ses noces d’Albâtre. Le magazine qui a accompagné tant de générations en liant par une complicité discrète les grands-mères, les mères et leurs filles, reste un plaisir que l’on se partage avec délice, et même parfois avec une certaine malice en le laissant trainer nonchalamment sur la table du salon afin qu’une main curieuse le feuillette.
Parfois les hommes de la maisonnée, comprenant mal l’engouement pour ce type de revue, seraient enclin à le juger avec dédain ; le taxant de futilité, de signe de coquetterie et de légèreté (reproches que l’on assumera bien volontiers).
Pourtant cette presse est bien plus porteuse de sens qu’elle n’y parait.
Eh oui messieurs (que l’on charrie gentiment lorsqu’ils plongent, avides, le nez dans l’Equipe. Et clac dans les dents !), remballez votre cynisme car dans les « Oui, on adore ! » qui ponctuent souvent les articles des nouveaux beaux gosses à suivre, ou la dernière it girl qui fait vibrer les foules, il y a un travail de fond, une volonté de faire changer les mentalités et ce, depuis au moins trois siècles.
Suivez-nous pour la petite histoire de ces revues pas aussi inoffensives que l’on veut bien nous le faire croire.
C’est avec le mouvement d’émancipation des femmes, du XVIIIe siècle, que la presse féminine est née. C’est à cette époque que des philosophes féministes sont apparues comme Mary Wollstonecraft (la Olympe de Gouges anglaise) en écrivant La défense des droits de la femme, écrit précurseur du féminisme.
Au début, afin de ne pas froisser les sociétés trop puritaines, la presse féminine comme Le Journal des Dames traitait de sujets à thèmes : cuisine, mode, décoration, pour s’engouffrer parfois dans les clichés qui étaient propres à une société de patriarcat et participaient largement à l’élaboration du stéréotype féminin. « L’art d’être jolie », « La boite à ouvrage », « Le chapeau d’hiver » ou « Le cabinet des modes » sont autant de titres de revues aux noms évocateurs.
Dans les années 70, les articles étaient encore souvent tournés vers le bien-être familial avec des préoccupations telles que « Comment plaire à son mari ? Comment être une bonne mère et une bonne épouse ?», ainsi que le souligne le livre de Anne-Marie Lugan Dardigna Femmes-femmes sur papier glacé, pour enfin prendre un virage plus abrupte vers des sujets de fond.
Les rubriques femmes d’intérieur, cuisine et tricot s’effacèrent alors au profit de tribunes plus politiques, plus engagées. Les magazines féminins (Elle, le Cosmopolitan et Marie-claire entre autres) s’affranchissaient ainsi pour ouvrir leurs pages à des articles et opinions porteurs de revendications comme ceux de la loi Neuwirth finalement portée par Simone Veil en 1974.
La revue légère sans conséquence faite par et pour les femmes (mais pas que : Jean-Dominique Bauby fut l’un des éminents rédacteurs en chef du Elle et auteur de l’excellent Le Scaphandre et le papillon) devient ainsi de plus en plus militante pour devenir un espace d’expression privilégié pour celles qui constituent la moitié de l’humanité.
Plaisir futile ? Parfois schizophrène ou masochiste quand les modèles du beau, du bon goût se font injonctions que l’on se plait à suivre ou à dénigrer. Leur lecture en reste notre cocon, ce moment où l’on se drape d’une jolie étole, on se sert un verre de Château Bonheur et on s’envole vers d’autres vies.
J’aime à me dire que ce moment est le mien, un plaisir solitaire mais non caché qui me fait m’insurger à la lecture d’un article qui révèle que 200 millions de femmes sont encore victimes de mutilations sexuelles ou que quelques 700 millions de mineures sont toujours mariées de force !
Sa lecture m’émerveille devant les success story de mes consoeurs dans l’art, la politique ou les sciences, ou encore fait grandir ma fierté à la lecture des pamphlets de Leila Slimani fustigeant les réseaux sociaux, les interviews de Christine and the Queens qui revendique sa pansexualité ou un portrait de Claudie Haigneré, spationaute et première européenne dans l’espace.
En nous touchant de près parce que leur peine comme leur réussite est la nôtre dans la sororité qui nous relie indéfectiblement, je pense à cette phrase de la féministe Clarence Edgar-Rosa (Fondatrice et directrice de la publication Bi-annuelle Gaze) « Critiquer la tenue, le comportement, les choix d’une autre femme c’est limiter nos propres libertés », alors continuons de lire nos magazines féminins pour ouvrir notre esprit, à les soutenir et à répandre joliment l’importance des femmes dans notre société.
Et si votre fils curieux, ou votre mari discret, en quête de réponses à des mystères qui nous entourent, s’approchent de la revue négligemment posée dans le salon (j’y tiens !) laissez-les faire, ils en apprendront beaucoup sur nous et peut-être même sur eux.