La lecture, notre échappée belle

A corps restreint, le livre devient refuge et développe notre aptitude à rêver le monde

En ce début d’année semi-confiné, où l’appel du large nous est (encore) interdit, l’imagination s’amuse à remplir les vides. Maison Jeanne qui aime tant voyager, s’échapper, découvrir, parcourir sa ville ou le monde, continue de rêver à de futures escapades et tente l’évasion par d’autres moyens.

Si la télévision et les plate-formes de streaming (occupation numéro 1 selon les derniers sondages des activités préférées des français) peuvent nous accompagner dans cette période compliquée, la consommation à l’échelle industrielle de séries «sitôt vues, sitôt oubliées» nous laisse parfois un sentiment de temps mal employé. La valeur refuge qui réside pour 20% de nos concitoyens est bel et bien… le livre.

Ainsi prenons-nous enfin le temps de nous plonger dans ces livres qui trépignent d’être feuilletés, qui se désespèrent de ne jamais l’être  ou qui brûlent de s’ouvrir à nouveau (sans mauvais jeu de mot avec le nouveau couvre-feu qui vient de nous être annoncé 😉!)

Alors que le débat sur l’accès à la culture fait rage, secteur sinistré s’il en est, il est plus que jamais important de soutenir nos libraires indépendants qui faisaient de nos quotidiens pressés, une pause dans le temps, une halte pour la liberté. 

Mollat, La machine à lire, La librairie des Chartrons, La Zone du Dehors à Bordeaux, le Furet du Nord dans la région Lilloise, les librairies Decitre à Lyon, tous ces indépendants qui continuent d’oeuvrer dans l’ombre des grands pour nous offrir cet accès à la connaissance qui fait l’exception culturelle française

En se blottissant sur le canapé en mode hygge,  l’étole Laura sur les épaules, les livres deviennent un passeport pour l’aventure. Une plateforme d’aéroport qui proposerait une multitude de vols pour des destinations encore inconnues où convergent les rêves, terrain des possibles s’ouvrant à l’infini. L’expérience sensorielle que la lecture offre contribue à notre bien-être individuel et réduit la détérioration cognitive de 32%… En s’évadant, en oubliant nos contraintes, nous nous libérons pour mieux nous armer dans notre quotidien, assez désespérant ces derniers temps.

Les livres sont les oasis d’un monde anxiogène, au futur lointain et incertain. Ils allègent et atténuent le stress (68%, soit mieux que la musique ou une tasse de thé !) et nous transporte comme un facétieux tapis volant qui déambule sans limite dans l’espace et le temps. 

Lire Kipling et se retrouver dans la jungle Indienne, Jules vernes et s’immerger 20 000 lieux sous les mers,  Margaret Artwood dans l’inquiétante Gilead… autant de voyages intemporels et merveilleux !

Le livre est un passeur d’émotions et de ressentis. Ecouter et sentir la nature en la lisant, l’odeur du sous-bois et le battement des feuillages dans une forêt épaisse de Sologne avec le Grand Meaulnes d’Alain Fournier, se perdre sur les plateaux tibétains avec Sylvain Tesson à la recherche de sa Panthère des neiges, tomber amoureux dans la jungle Birmane avec Christophe Ono-dit-Biot ou succomber sous les chaleurs tropicales brésiliennes lors de l’épopée des français au Brésil avec le si talentueux et romanesque Jean-Chrisophe Ruffin dans son Rouge Brésil.

Le livre nous aide à développer notre altruisme et notre empathie en nous plongeant dans la vie d’autres. Ainsi, dans La tresse de Laetitia Colombani, nous suivons d’Inde au Canada en passant par la Sicile, trois héroïnes  de milieux différents qui aspirent à la même soif de liberté. Trois toujours pour Mathilde, Violette et Louise du livre Frangines d’Adèle Bréau qui, avec une tendresse extrême fait un récit familial, léger et lumineux. L’autre Violette qui nous a ému dans un magnifique roman de Valérie Perrin (scénariste et compagne de Claude Lelouch) c’est l’héroïne frêle et touchante de Changer l’eau des fleurs. On ne sort clairement pas indemne d’une histoire comme celle-ci qui va bientôt être adaptée au cinéma.

Le roman peut devenir également initiatique en nous apprenant à mieux vivre comme l’auteur Maud Ankaouia qui nous transporte dans son sac à dos au Népal pour une ascension de l’Annapurna dans Kilomètre Zéro, Maëlle transformera sa vie tout autant que la nôtre par les questions qu’elle se pose et qui sont finalement universelles. Emmanuel Carrère, quant à lui, nous explique tous les biens faits du Yoga, sur son âme fragile et nous enjoint d’en faire autant. Pour prendre de la hauteur, Jean Artigues -qui vient malheureusement de nous quitter- nous partage sa combativité hors du commun face à la maladie de Charcot dans  Chaque jour est une vie. Un livre aussi lumineux que le sujet est lourd.

Vous l’aurez donc compris ce texte est une ode aux livres, car ils nous représentent et sont un peu de nous. Par leur force, ils peuvent nous hanter, nous accompagner, nous habiter comme un vêtement aimé peut nous habiller. Car s’il est bien une chose que partagent la bonne littérature et les vêtements de qualité, c’est ce luxe extraordinaire de s’inscrire dans la durée. 

Alors à défaut de faire vos valises avec les iconiques Organisateurs Loulou, on range nos bibliothèques, on allume une Bougie Bohemia, on s’installe dans notre fauteuil préféré et on s’accorde du temps avec soi même et avec tous ces nouveaux compagnons d’aventures livresques. Et sans geste barrière ! Voyager, rêver, réfléchir ou plonger dans une exploration dystopique ! Le livre reste notre meilleur allié pour mieux comprendre notre place dans le monde. Et à défaut de retrouver nos proches, ceux qui nous sont chers, ceux sans qui la vie serait terne comme un ciel de janvier, le livre permet de nous retrouver nous-mêmes.

Lisons et soutenons nos libraires !

Suivez-moi, je vous présente ma petite bande à moi.

Petites sélections pour voyager déconfinés :

Là où chantent les écrevisses, de Délia Owens

Billet d’avion en direct de la Caroline du nord dans les années 70.

Le bayou, la chaleur crasse, un milieu hostile, la survie et Kya. Enfant que la société craint et imagine analphabète et sauvage alors qu’elle va illuminer tout le récit et envoûtera  vos nuits.

Un roman à la beauté noire qui reste une ode à la nature au cours duquel  l’énigmatique titre sera révélé.

Les chaussures italiennes, d’Hennin Mankell

Un misanthrope, une île baltique, la solitude, une immersion dans un trou de glace chaque matin pour se punir d’une tragique erreur et l’arrivée de son premier amour. 

Merci à mon amie Tina, Suédoise et grande lectrice.

Le problème à 3 corps, de Liu Cixin

Révolution culturelle en chine dans les années 60. Une jeune fille voit son père victime de la folie politique de l’Homme. Des années plus tard, devenue scientifique, sa vengeance changera le cours de l’humanité. Ce thriller Science-Fiction est une histoire d’amour popularisée par Obama et Zukerberg qui se déclarèrent fans, Premier prix Hugo pour un auteur asiatique.

Ce livre vous fera voyager aux confins de la Voie lactée et des millions d’années dans le futur. 

Prochaine série des showrunners de Game of Throne…

La librairie de la place aux herbes, d’Eric de Kermel

Tendres, drôles ou tragiques, la libraire d’Uzès vous raconte des histoires en même temps que la sienne et vous conseille ses coups de coeur littéraires.

Tout le bleu du ciel, de Mélissa da Costa

Un jeune homme atteint d’un Alzheimer précoce, un road-trip comme un ultime voyage, une rencontre, des paysages de France magnifique. Un voyage stupéfiant de beauté et de pure délicatesse.

Je vous souhaite de bonnes lectures et de belles échappées.

Maia Georgia

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